A l'origine

Pierre Bongiovanni, directeur artistique de La Maison Laurentine ( Haute-Marne) , série photographique noir et blanc réalisée en 2020-2021

Le regard d’Alice Marc pour photographier les femmes et les hommes d’un centre Emmaüs de la région parisienne a pour conséquence d'amplifier et de magnifier le caractère communautaire et pourtant universel des êtres.
Leurs yeux baissés nous invitent-ils au partage d’un instant de méditation et de silence, sans que nous sachions à qui ni à quoi cette méditation serait dédiée ?
Leur posture, au contraire induit-elle une attitude de soumissions et d’allégeance à une autorité inconnue bienfaisante ou redoutable ?
Et si nous assistions, face à ces visages surgis de l’obscurité, au rituel secret de membres de la tribu humaine pour conjurer les outrages commis contre la nature et l’ensemble du vivant ?
C'est cette dernière approche que nous privilégions tant elle nous semble, en ce temps de confusion, préférable à toutes les autres.
Pourquoi ?
Sans doute parce que nous reconnaissons une capacité de résistance chez celles et ceux qui, par leur présence au monde s’engagent discrètement, profondément, universellement, au service des mystères et des splendeurs de la vie.
Certains, qui se posent parmi les plus éclairés, font profession de juge, moraliste et censeur. Ils pérorent sans fin sur les tenants et aboutissants des choses et des actions des autres.
Nous préférons regarder ailleurs et saluer la retenue et l’élégance du travail d’Alice Marc. Avec cette série de portraits, elle rend grâce et vertu, aux êtres qu’elle croise comme elle l'avait fait précédemment avec les "Jocondes", mais en allant cette fois encore plus loin dans le dénuement.
Peu importe que chacun soit roi, reine ou misérable. Seul ce qui advient dans cette œuvre, donne réalité au royaume que nous avons le privilège d’habiter ensemble